Prenant appui sur une enquête stupéfiante menée par l’historienne Annie Cohen-Solal, Cette exposition porte un regard radicalement nouveau sur l’un des plus grands artistes de notre temps : Pablo Picasso. Une enquête stupéfiante menée par l’historienne Annie Cohen-Solal.
J’ai eu l’occasion de lire le livre « Un étranger nommé Picasso », Annie Cohen-Solal (Fayard 2021), avant l’été 2021, qu’une copine m’avais offert pour mon anniverssaire.. J’attendais avec impatiente de visiter l’exposition faisant référence au contenu de ce livre qui avait réveillé ma curiosité et ma grande admiration pour la qualité documentaire et la qualité de l’écriture.
J’ai adoré le livre. C’est qui a confirmé mes ressentis comme artiste, qui a renforcé ma grande admiration sur la capacité de Pablo Picasso à rebondir dans sa démarche artistique et tisser de liens, dans un pays où il ne connaissait pas ni la culture, ni la langue.
Dès 1901, par erreur, Picasso avait été fiché par la police comme « anarchiste surveillé ». Pendant quarante ans, il fut considéré avec suspicion comme étranger, homme de gauche, artiste d’avant-garde. Jusqu’en 1949, son œuvre, pourtant célébrée dans le monde occidental, ne comprenait que deux tableaux dans les collections françaises. Mais son sens politique lui permit de naviguer avec aplomb dans un pays aux institutions obsolètes, il s’installa pour toujours dans le Midi, choisissant le Sud contre le Nord, les artisans contre les beaux-arts, la région contre la capitale.
Convaincu de son génie débarque à Paris en 1900 sans parler un mot de français. Comment Picasso se repère-t-il dans cette métropole moderne, encore secouée par les séquelles de l’Affaire Dreyfus ? Comment organise-t-il ses premières amitiés, ses premiers succès ? Pourquoi, en 1940, alors qu’il est célébré dans le monde entier, sa demande de naturalisation française est-elle refusée ? Pourquoi son œuvre reste-t-elle invisible dans les musées de son pays d’accueil jusqu’en 1947 ?
La situation existentielle de Picasso étranger en France a conditionné sa démarche de création artistique. Picasso est longtemps resté otage des beaux-arts. Le peintre mythique a été considéré comme un paria pendant ses quatre premières décennies en France. Stigmatisé ou ostracisé parce que étranger, engagé, artiste d’avant-garde, le jeune Picasso vécut dès 1901 sous la constante surveillance de la police.
Mais Picasso ne subit pas, il explore, il avance et construit avec obsession son œuvre magistrale, immédiatement célébrée dans le monde occidental mais rejetée par l’Académie des beaux-arts, attachée à préserver le « bon goût » français.
Comment construit-il ses réseaux pour imposer les normes de son propre univers – inclusif, innovant, subversif ? À quelles stratégies l’artiste a-t-il recours pour naviguer dans un pays secoué par des vagues de xénophobie et entravé par des institutions souvent obsolètes ?
L’odyssée de Picasso étranger en France, de total actualité, ne résonne-t-elle pas aujourd’hui pour toutes ces existences subalternes qui se heurtent au rejet de l’autre ?
Ainsi, Picasso reste un artiste engagé, même après sa disparition !